
Téléconsultation chez le dermatologue : quand est-ce possible et quand est-ce contre-indiqué ?
La téléconsultation chez le dermatologue est entrée dans nos habitudes lors des confinements liés au Covid. Mais pas que… Elle reste, de nos jours, assez fréquente. Il faut dire que c’est pratique : un coup de fil suffit parfois pour renouveler une prescription, recevoir un avis médical. Finis les longs trajets et le temps passé dans la salle d’attente. Toute personne souffrant de psoriasis peut-elle avoir recours à de la téléconsultation ? Est-ce aussi facile qu’il y paraît ? Quand faut-il encore se rendre dans le cabinet d’un dermatologue et pourquoi ? Réponses sur toutes les questions que vous vous posez sur la téléconsultation chez le dermatologue.
La téléconsultation chez le dermatologue a fait son entrée, avec le Covid, un peu plus tôt que prévu et elle connaît encore de nos jours un franc succès. Si lors du premier confinement, elle a un peu – en cas de psoriasis – été assimilée à une roue de secours, elle ne peut plus être considérée comme telle. En effet, au début du Covid, certains d’entre vous se sont posés de nombreuses questions face aux traitements à poursuivre ou à ne pas démarrer (biothérapies, biosimilaires, ciclosporine, méthotrexate, etc.). Ensuite, également à l’heure de la vaccination anti-Covid, la téléconsultation était une solution de dépannage. De nos jours, les dermatologues continuent, pour la plupart, à avoir de nombreuses demandes/mois pour des consultations par téléphone/ordinateur.
Qu’est-ce qui a changé ?
La téléconsultation médicale en général et, donc a fortiori celle en dermatologie dans la gestion du psoriasis, a été formalisée, homologuée, sécurisée et validée. Elle fait désormais l’objet d’une facturation établie par l’INAMI (Institut National d’Assurance Maladie-Invalidité) et est considérée comme un acte médical en soi, un conseil médical donné par le dermatologue (dans ce contexte) par téléphone ou vidéoconférence (plus rare). La téléconsultation bénéficie désormais d’un cadre légal qui assure dès lors une protection pour les patients. Les données échangées lors d’une telle consultation sont consignées dans le dossier médical du patient et peuvent être consultées par la suite par le dermatologue ou tout autre médecin qui le souhaite. Cette formalisation protège ainsi les personnes des dérives médicales, etc.
Faut-il impérativement avoir consulté un dermatologue en cabinet avant d’avoir recours à la téléconsultation ou peut-on contacter un dermatologue quand on le souhaite ?
En Belgique, il est demandé d’avoir un lien thérapeutique préalable à la téléconsultation entre le patient et le médecin référent. Cela signifie dans le cas du psoriasis qu’il est impératif que la personne ait été préalablement diagnostiquée en cabinet et qu’elle ait été précédemment vue en consultation (physique) par le dermatologue avant d’éventuellement avoir recours à une téléconsultation médicale. Dès lors, la téléconsultation ne peut actuellement servir de « triage » de patients pour donner plus facilement accès aux soins dermatologiques à certaines personnes qu’à d’autres.
La téléconsultation en consultation dermatologique n’est pas anodine
La téléconsultation dermatologique nécessite une prise de rendez-vous auprès du secrétariat du dermatologue. En effet, rappelons qu’il s’agit d’un acte officiel qui requiert du temps de la part du médecin. Il est exclu que le patient psoriasique téléphone à toute heure quand le médecin est en consultation physique. Il risquerait de le déranger. Cela pourrait porter préjudice aux autres patients du médecin. De plus, après le coup de fil, le médecin doit tout consigner dans le dossier médical du patient. Cela prend du temps.
Avantages de la téléconsultation
- Éviter de longs trajets, de faire la file dans la salle d’attente/à l’hôpital pour une « simple » prescription.
- Moins de temps qu’une consultation physique. Horaires plus flexibles pour les patients.
- Pratique quand le patient a une angoisse, une question simple, un doute quant à la posologie de son traitement, l’évolution de sa maladie, etc.
Les inconvénients de la téléconsultation
- Elle prend du temps en aval pour le médecin : dossier médical à remplir.
- Une prise de rendez-vous au préalable est indispensable.
- Une complication soudaine, des plaques de psoriasis plus graves, des contre-indications importantes suite à un traitement, un changement radical de traitement, etc. nécessitent une consultation physique.
- Une primo consultation est nécessaire. Cela implique d’avoir un dermatologue référent/attitré.
- La gestion d’un agenda par le médecin.
- Le recours à une plate-forme numérique spécifique en cas de visioconférence.
Bon à savoir
Contrairement à une idée reçue, la téléconsultation numérique par Zoom, Teams ou d’autres formes digitales ne bénéficie pas d’un cadre légal, n’offre pas la sécurité nécessaire aux patients. Il est, dès lors, recommandé de passer par une plate-forme digitale médicale spécifique, sécurisée et homologuée. Cette dernière prend énormément de temps aux médecins qui doivent passer par ce médium, et cela complique la tâche pour le patient.
Quand recourir à la téléconsultation ?
La téléconsultation après une primo consultation dermatologique permet aux patients d’avoir, par exemple, plus facilement accès à un renouvellement de prescription, à une adaptation de la posologie sans devoir se déplacer. Cela permet également, chez les personnes psoriasiques qui se sentent bien, sous traitement, d’obtenir une prescription pour une prise de sang ou par exemple un topique, une pommade en plus. Par contre, en cas d’échappement des plaques psoriasiques, rien de tel qu’une consultation physique, classique, car le patient devra en présentiel expliquer ce qu’il ressent et être examiné. Patient et médecin conviendront de concert de certains traitements, des injections, etc. L’aspect psychologique, la gestion du stress devront être évoqués. C’est faisable en consultation classique mais nettement plus compliqué par téléphone. Tout ne peut pas être « diagnostiqué », discuté, aplani via un écran d’ordinateur ou par téléphone même si les progrès sont innombrables en matière de digitalisation de la médecine. Sans parler des prélèvements quelquefois encore nécessaires, qui ne peuvent se faire qu’en consultation physique !
Barbara Simon avec l’aimable collaboration du Docteur Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques Universitaires St-Luc à Bruxelles.