Quel futur pour les patients pso ?

On sait que le psoriasis est une maladie chronique, inflammatoire, qui se présente sous une variété de formes et de variantes individuelles. On sait aussi qu’elle évolue, entre périodes de poussées et de rémissions…, et que ce caractère imprévisible est très difficile à vivre, autant pour les patients et leur entourage que pour les médecins qui voudraient tellement les soigner efficacement. Heureusement, ces dernières années ont vu le développement de toute une série de nouveaux traitements, qui permettent d’espérer le meilleur pour des patients qui n’ont pas encore trouvé le blanchiment réparateur qui dure…C’est à propos des plus récentes connaissances et des espoirs offerts par les nouveaux traitements que le Professeur Ghislain, dermatologue à l’UCL-Saint Luc à Bruxelles a partagé avec les visiteurs du salon du psoriasis en mars 2024.

Bien que la cause véritable du psoriasis ne soit pas encore connue à 100%, on sait aujourd’hui qu’elle est probablement multifactorielle (volets immunitaire, inflammatoire, etc.) et les chercheurs tentent d’intervenir à ces divers niveaux. C’est ainsi que l’on dispose de traitements toujours plus précis, plus efficaces, plus simples et sûrs, qui, s’ils ne mènent toujours pas à une réelle guérison, permettent d’agir sur les volets dermatologique, rhumatismaux, voire autres de la maladie psoriasique. Des rémissions de plus en plus fréquentes et longues sont rendues possibles, sans entraîner des effets secondaires néfastes ou intolérables, et largement remboursés par la sécurité sociale lorsque certains critères de sévérité et/ou individuels sont observés.
« Attention cependant, insistait le Pr. Ghislain, il n’existe pas de traitement miracle que l’on prend tout en oubliant que l’on est malade. Ces traitements devront TOUJOURS être associés à des mesures générales de mode de vie. »
Quelles sont ces mesures générales ?
– Ne pas fumer,
– Eviter les excès d’alcool,
– Manger sainement (oui, la malbouffe est pro-inflammatoire) mais sans se laisser bercer d’illusions promises par des régimes alimentaires miracle trouvés sur Internet,
– Gérer son stress, ses émotions : par la relaxation, la méditation, la sophrologie, le sport, la musique ou toute méthode qui vous aide,
– Exposer sa peau au soleil MAIS se protéger contre les coups de soleil ! ,
Et puis,
– Hydrater sa peau en continu, la chouchouter, éviter les frottements, les irritations, etc. A ce propos, savez-vous qu’il vaut mieux ne pas s’essuyer vigoureusement après la douche, qu’il convient d’appliquer sa crème hydratante spécifique sur la peau encore humide ! et qu’il faut éviter l’eau trop chaude car elle déshydrate la peau ?
Que sont les nouveaux traitements ?

En 2006, le premier médicament biologique, Enbrel ®, apparaissait et ouvrait de nouveaux horizons aux patients psoriasiques très sévèrement atteints et en fin de parcours de la pyramide thérapeutique. On pouvait enfin espérer éviter des poussées toujours plus sévères et invalidantes. D’autres médicaments de la même classe de biologiques, les anti-TNF, sont apparus, avec une efficacité qui variait néanmoins selon les individus et qui, parfois, voyaient leur efficacité diminuer au cours du temps (on parle de phénomène d’échappement thérapeutique). Certains de ces médicaments sont néanmoins encore fréquemment utilisés ; ils sont d’ailleurs disponibles dans une forme « biosimilaire », moins coûteuse, et toujours en cas d’échec ou intolérance des traitements « classiques ». D’autre part, ce sont de nouveaux biologiques et traitements dits avancés qui sont proposés de nos jours pour les patients insuffisamment soulagés, certains sont administrés sous forme orale, ce qui peut faire vraiment la différence pour certains patients, d’autres agissent spécifiquement sur les mécanismes impliqués dans le psoriasis et l’arthrite psoriasique ou les arthrites chroniques inflammatoires. On peut donc en traitant un psoriasis déjà prévenir son évolution vers une forme rhumatologique. Ils sont aussi plus efficaces, à long terme, plus sûrs, nécessitent moins d’injections, etc. Tant de facteurs qui impactent véritablement sur les symptômes et la qualité de vie des patients…
Qu’espérer encore dans le futur ? Probablement, des traitements toujours plus spécifiques, agissant plus longtemps (à prendre ou injecter moins souvent), mais aussi plus personnalisés. On pourra sans doute disposer de marqueurs biologiques qui permettront de « tester » le médicament sur chaque patient avant de le prescrire et l’essayer. Et pourquoi pas des biologiques ou petites molécules qui agiraient à travers la peau, à appliquer en crème sur la peau ? La recherche s’y attelle.