Question de Xavier: De plus en plus on parle de comorbidités liées au psoriasis. Est-ce que cela concerne tous les degrés de psoriasis?
De plus en plus on parle de comorbidités liées au psoriasis. Est-ce que cela concerne tous les degrés de psoriasis?
Quel suivi est-il nécessaire de faire avec ou sans symptôme ?
La réponse du docteur Pierre-Dominique Ghislain :
Il y a plusieurs éléments à prendre en compte : ce que peut donner le psoriasis lui-même, ce avec quoi il est quelquefois associé, ce qu’il peut induire et ce que ses traitements peuvent occasionner.
– ce que le psoriasis peut donner : le psoriasis a deux grands versants, un cutané et un autre articulaire. On peut exprimer l’un des deux prioritairement, mais avec le temps tous les patients atteints de psoriasis cutané risquent d’évoluer vers une forme articulaire. D’autant plus s’il y a un contexte familial, ou si le psoriasis est ancien et très étendu, et s’il n’est pas traité. Donc faire attention aux premiers signes d’une atteinte articulaire est justifié, pour limiter le danger d’une évolution vers une forme plus agressive. Ce risque concerne, dans la pratique, environ un tiers des patients de dermatologie.
– ce avec quoi le psoriasis est associé : on parle souvent du ‘syndrome métabolique’, qui concerne des patients en surpoids, avec hypertension artérielle, diabète, ou anomalies des graisses. Il s’agit donc d’optimiser le traitement global du patient, dans une idée de prévention cardiovasculaire. En outre, le psoriasis est une maladie inflammatoire avec une composante immunologique, et d’autres problèmes de santé sont du même groupe : certains troubles digestifs, par exemple. En pratique, ce sont les patients avec l’atteinte cutanée la plus sévère qui auront le plus grand risque sur les vaisseaux sanguins. En collaboration avec le médecin traitant, il s’agira donc d’être un peu plus vigilant chez ces patients.
– ce que le psoriasis peut induire : une inflammation non traitée, même seulement cutanée, peut avoir certaines répercussions. Et bien sûr, on n’oubliera pas les effets psychologiques du psoriasis, qui peuvent mener à un enfermement du patient sur lui-même, à une activité physique moindre (par gêne mécanique ou sociale), voire à des consolations dans l’alcool, avec les complications qu’on peut imaginer.
– ce que les traitements du psoriasis peuvent occasionner : des ultraviolets trop fréquents ou trop forts font vieillir la peau et risquent de créer des lésions cutanées pré-cancéreuses. En comprimés, la ciclosporine et le méthotrexate peuvent au bout d’un certain temps avoir des effets sur les reins ou le foie. Cela doit donc être surveillé pour que ces traitements restent bénéfiques dans leur ensemble !
On ne peut donc pas toujours se contenter de traiter en surface le psoriasis cutané ; une approche générale est indispensable, de manière raisonnable.
Bien à vous,