Ce n’est un secret pour personne, le psoriasis aime le soleil, mais le soleil n’est pas le meilleur ami de la peau ! Un sacré dilemme… Faut-il opter pour une crème solaire spécifique quand on souffre de psoriasis ? Peut-on sans risque se mettre au soleil, voire en abuser ? Les coups de soleil sont-ils dangereux pour une peau psoriasique ? Quel indice de protection anti-UVA/UVB ou SPF choisir ? Réponses et conseils pratiques tout en tordant le cou à quelques idées reçues bien tenaces.

Le soleil : ami ou ennemi des peaux psoriasiques ?

Chez environ 8 à 9 personnes atteintes de psoriasis sur 10, les scientifiques ont pu observer des effets bénéfiques du soleil sur les plaques de psoriasis. Les rayons UV agissent en effet à la fois sur les kératinocytes (les cellules impliquées dans le développement des plaques) et sur les cellules responsables de l’inflammation. Ils aident également la peau à produire de la vitamine D, bénéfique pour le psoriasis. De nombreux dermatologues prescrivent d’ailleurs des UV comme traitement. Il ne faut, toutefois, jamais oublier les risques au long cours des UV : le vieillissement cutané (rides, taches brunes de vieillesse), les risques de cancers de la peau. Et puis, surtout, aussi la diminution rapide de ce qu’on appelle le capital UV, qui est intact à la naissance et qui s’amenuise au fil des expositions solaires non ou mal protégées avec des érythèmes cutanés fréquents (coups de soleil). Comme la plupart des patients psoriasiques ont déjà eu des séances d’UV, leur capital UV/soleil est déjà bien entamé et les risques de cancers cutanés dès lors plus fréquents.

Quel comportement adopter face au soleil ?

Il est important de s’exposer au soleil avec modération. En effet, le soleil peut provoquer des agressions de type brûlures qui favoriseront les poussées de psoriasis. De plus, une exposition solaire trop excessive et trop rapide peut, contrairement à la croyance populaire, aggraver le psoriasis. Les coups de soleil doivent être impérativement évités, entre autres à cause du phénomène de Koebner (l’apparition d’une plaque de psoriasis sur la peau saine). En fait, quand votre peau est traumatisée, que ce soit par une cicatrice ou par un coup de soleil, elle peut refaire du psoriasis quelques jours plus tard. Vous pourriez souffrir d’un accès inflammatoire et d’un psoriasis plus violent. Il est recommandé de, certes, s’exposer au soleil, mais de le faire avec prudence, modération et graduellement. Et, toujours avec une crème solaire avec un SPF (Sun Protected Factor) très élevé (SPF 50+). En effet, même avec une crème solaire avec un indice de protection élevé, l’écran anti-UV n’est jamais total. Il y a tout de même des UV qui pénètrent la peau (idem à l’ombre) et qui peuvent dès lors avoir un effet bénéfique sur le psoriasis.

Comment et quand appliquer sa protection solaire ?

Toujours privilégier une protection solaire avec un SPF 50+ à appliquer avant toute exposition solaire, surtout entre 11h et 16h, période durant laquelle, sous nos latitudes, les UV sont les plus nocifs pour la santé de la peau (vieillissement, cancers cutanés). Renouveler les applications toutes les 2h et après chaque baignade.

Crème solaire : un émollient de choix ?

Appliquer tout spécialement une crème solaire au niveau des zones rugueuses peut être intéressant, voire bénéfique, parce que de telles crèmes sont souvent particulièrement hydratantes. Et l’hydratation fait partie de la prise en charge du psoriasis. Donc, lorsque vous vous enduisez de crème solaire cela pourrait aussi permettre une meilleure hydratation cutanée.

Huile, spray ou crème solaire : laquelle choisir en cas de psoriasis ?

En général, les huiles et les sprays solaires sont parmi les moins bons protecteurs. Il convient, en cas de psoriasis, d’opter pour une crème solaire. Les gels et sprays sont très prisés par les sportifs mais ils sont plus asséchants. Les crèmes solaires ont un fort pouvoir hydratant en plus d’offrir une protection anti-UV. Une crème solaire offre peut-être moins de sensorialité, de confort, voire de facilité d’application, car elle s’étale moins bien, par exemple, qu’un spray, mais elle sera, côté texture, plus grasse et donc plus efficace en termes de protection contre le psoriasis et les UV. Un 2-en-1.

Faut-il continuer d’appliquer son traitement topique, son émollient quand on s’expose au soleil ?

 Même si le psoriasis s’atténue avec le soleil, il ne faut surtout pas arrêter les traitements en cours, sous peine de subir un effet de rebond. Les traitements locaux (dermocorticoïdes, association dermocorticoïde-vitamine D) ne sont pas photosensibilisants, c’est-à-dire qu’ils peuvent être poursuivis au soleil, sans effets secondaires liés aux UV. Il est toutefois conseillé de les appliquer plus généralement le soir. Toujours commencer par un  nettoyage de peau pour éliminer les résidus de crème solaire à l’aide d’une huile lavante ou d’un gel douche/nettoyant surgras qui permettra d’ôter les filtres solaires. Après avoir bien séché la peau avec une serviette éponge, propre à usage unique, il conviendra d’appliquer votre soin émollient classique à l’instar d’un after-sun pour hydrater et nourrir la peau rendue sensible par l’exposition aux UV et ainsi limiter les sensations de tiraillements ou de démangeaisons. Certains produits topiques enrichis en eaux thermales aux bienfaits apaisants seront, dans ce contexte, recommandés. C’est au cas par cas. Le mieux étant toujours, avant un séjour prolongé au soleil, de demander conseil à votre dermatologue.