Une récente étude scientifique belgo-néerlandaise (à télécharger ici) et des données pratiques glanées auprès de spécialistes dans la prise en charge du psoriasis répondent à cette question. Pour information :  657 patients belges atteints de pathologies inflammatoires diverses dont du psoriasis arthritique, de l’arthrite rhumatoïde mais aussi du psoriasis en plaques modéré à sévère ont participé à cette étude, entre décembre 2020 et février 2021. Rappelons que cette étude via questionnaires en ligne visait à observer le niveau de connaissances et de perceptions des biosimilaires auprès de patients belges traités en soins ambulatoires. Elle fut menée conjointement par des équipes médicales de la KU Leuven, de l’ULB (Bruxelles) mais aussi de l’Erasmus University Medical Center à Rotterdam (Pays-Bas). Seuls 38% des participants à l’étude connaissaient l’existence de biosimilaires. Et, près de 6 patients sur 10 savaient que les biosimilaires étaient sûrs et efficaces dans la pathologie qui les concernait. Près de 7 patients sur 10 se sont déclarés prêts à troquer leur biologique contre un biosimilaire si leur spécialiste le jugeait nécessaire. 3% des patients y étaient formellement opposés. Toutefois, près de la totalité des patients interrogés souhaiteraient obtenir des informations précises sur le sujet et la motivation qui justifierait ce choix de la part de leur dermatologue, c’est-à-dire d’un passage d’un biologique à un biosimilaire. Et vous ? Intéressés ? Téléchargez l’étude (ici) et lisez l’article en annexe avec le point de vue scientifique : pourquoi et quand prescrire en Belgique un biosimilaire plutôt qu’un biologique ?

Qu’est-ce qu’un biosimilaire ?

« Un biosimilaire (dans le cas du psoriasis modéré à sévère) est un médicament qui cherche à imiter le mieux possible un traitement de type biothérapie (biologique). Il s’agit donc d’un médicament un peu différent d’un générique, qui est la copie strictement identique d’une formule chimique. La biothérapie étant fabriquée à partir de réacteurs de cellules ne peut pas garantir une parfaite similitude. Et donc, c’est pour ça que c’est un médicament qualifié  de ‘plus approchant possible’. En Belgique et dans l’Union européenne, il convient de se montrer tout à fait rassurant en termes d’efficacité, de sécurité et de tolérance des biosimilaires. Une biothérapie est, pour rappel, fabriquée à partir de réacteurs de cellules, tandis que les médicaments non-traditionnels sont issus de formules chimiques. Il est assez facile de copier strictement une formule chimique, mais il est impossible de copier à 100% une formule issue des cellules », selon le Docteur Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques universitaires St-Luc, UCL.

Cliquez sur le lien de https://www.afmps.be/fr/quest_ce_quun_medicament_biosimilaire

La définition de l’Afmps (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé)

Un médicament biosimilaire est mis au point de manière à ce qu’il soit hautement similaire à un médicament biologique déjà autorisé dans l’Union européenne(UE). Le médicament biologique existant est qualifié de médicament de référence ou médicament original. Après l’expiration du brevet et de la période d’exclusivité du médicament de référence, un médicament biosimilaire est autorisé à entrer sur le marché.

Pourquoi fabriquer des médicaments biosimilaires ?

Les médicaments biologiques étant complexes, leur mise au point peut être très coûteuse et longue. Ces contraintes peuvent limiter l’accès des patients à ces médicaments et constituer un obstacle à leur prise en charge par les systèmes de soins de santé. Les médicaments biosimilaires peuvent palier à ces problèmes pour deux raisons principales : la mise au point de médicaments biosimilaires s’appuie sur les connaissances scientifiques obtenues grâce aux médicaments de référence. Ainsi, il n’est pas nécessaire de répéter tous les essais cliniques (longs) menés sur le médicament de référence. Lorsqu’ils sont introduits sur le marché, les médicaments biosimilaires mènent à une baisse du coût INAMI du médicament de référence, et donc à des économies importantes pour le système de soins de santé.

Les biosimilaires représentent-ils un premier choix en Belgique ?

« Je compte dans ma patientèle des personnes mises sous biosimilaires qui n’ont jamais au préalable pris une biothérapie. Ce sont les patients qualifiés de « naïfs ou vierges de biothérapie ».  Il y a des patients qui sont mis sous biosimilaires après avoir changé d’une autre biothérapie d’origine, car ils ont rencontré un problème à ce niveau-là. », déclare le Docteur Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques universitaires St-Luc/ UCL. « Et puis, on dénombre également des patients chez lesquels le dermatologue a changé la thérapie tout simplement sur demande explicite du patient.»

Les patients psoriasiques belges craignent-ils les biosimilaires ?

« Certains patients les craignent encore. Et ce, même s’ils savent bien qu’il n’y a pas de différences fondamentales entre les biologiques originaux et les biosimilaires. Certains patients veulent passer à des biosimilaires alors que d’autres y sont formellement opposés. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils s’en méfient, par exemple, pour des raisons ‘philosophiques ‘ ou politiques. », explique le Docteur Pierre-Dominique Ghislain. On le voit dès lors, la plupart des dermatologues dans notre pays s’adaptent aux choix et desiderata de leur patient, surtout s’il est réticent, voire réfractaire à un biosimilaire. Et de conclure : « Je m’adapte au patient. Je m’incline volontiers devant son choix, car je n’ai pas d’élément objectif pour m’y opposer. Cela reste, toutefois, une minorité. »  Rappelons qu’en Belgique, la différence de prix étant très faible, la justification économique à la prescription d’un biosimilaire est très limitée. Bien sûr, il y a des pays où c’est nettement différent, où le marché entre les biologiques originaux et les biosimilaires est très concurrentiel. Et ce, parce que ce sont des pays dans lesquels il y a des politiques tarifaires qui sont bien plus agressives que chez nous.

En Belgique, le choix d’un biosimilaire reste en général une question subjective et d’administration d’un traitement au cas par cas, à la demande…