Question de Sébastien et sa compagne: Quelles sont les effets des traitements biologiques sur le fœtus?

Bonjour,
Je suis depuis quelque temps maintenant sous traitement biologique (Sécukinumab) avec d’excellents résultats. Récemment, ma compagne et moi avons entamé un projet de parentalité. Malheureusement nous avons fait une fausse couche. D’où ma question, quelles sont les effets des traitements biologiques sur le fœtus?

La réponse du Docteur Ghislain:

Chère Madame, Cher Monsieur,

Votre parcours illustre parfaitement l’histoire de nombreux patients ! La question “grossesse et biothérapie” est très importante. Pendant des années, on s’est contenté de dire que les deux étaient a priori incompatibles, faute de données concrètes pour pouvoir en juger. C’était donc la prudence qui nous guidait. En outre, le psoriasis va souvent mieux pendant une grossesse, permettant plus facilement de suspendre le traitement par biothérapie. Souvent, mais pas toujours…

Les traitements oraux comme le Soriatane/Néotigason sont les plus dangereux vis-à-vis des risques pour l’enfant, même longtemps après l’arrêt du médicament. Le Ledertrexate est également très dangereux, mais un peu moins longtemps (une grossesse est envisageable plus rapidement après l’arrêt).

Les biothérapies sont utilisées maintenant depuis plus de 20 ans, en dermatologie mais aussi et surtout en rhumatologie et en gastro-entérologie. Les maladies concernées visent alors souvent les jeunes femmes, avec quelquefois l’impossibilité d’arrêter le traitement au moment d’une grossesse. On  a donc observé au fil du temps un grand nombre de grossesses et d’accouchements pendant des traitements par biothérapie. Et dans la pratique on n’a pas décelé de signal inquiétant. Pas de lien apparent entre la biothérapie en tant que telle et un risque pour la femme ou l’enfant.

Cela a permis aux autorités publiques et aux fabricants de biothérapie de préciser les mentions officielles. Aujourd’hui, on considère que les plus anciennes biothérapies peuvent être envisagées pendant une grossesse, en tout cas les deux premiers trimestres. Il n’y aurait pas de risque accru de fausse couche ni de malformation ou anomalie.

Les biothérapies plus récentes ont déjà fait l’objet de déclarations de grossesses, sans signal alarmant non plus, mais les données sont trop récentes et limitées pour pouvoir se prononcer.

Personnellement, je continue à proposer plutôt l’arrêt du traitement pendant la grossesse, mais je ne suis pas opposé à la poursuite des plus anciens. Et je ne suis pas inquiet d’une conception pendant le traitement : il est encore temps d’arrêter la biothérapie au début de la grossesse.

Certains anti-TNF (les premières biothérapies) ont même fait l’objet d’études spécifiques (sur le passage du médicament dans le sang de l’enfant, etc.), avec des résultats très bons.

On reste plus prudent pour l’allaitement.