Depuis le 1er mai dernier, Ilumetri® (tildrakizumab 100 mg) des laboratoires Almirall est remboursé en Belgique pour les personnes souffrant de psoriasis en plaques modéré à sévère. En quoi cet inhibiteur d’interleukine IL-23[1] est-il différent des 2 autres anti IL-23 disponibles[2] en Belgique ? Quels sont ses avantages en matière d’efficacité et de sécurité ? Comment ce biologique est-il administré ? Réponses.

 

Qu’est-ce que l’Ilumetri® ?

Ilumetri®(tildrakizumab) est un anticorps monoclonal[3], un nouvel immunosuppresseur indiqué pour les  patients souffrant de psoriasis en plaques modéré à sévère ayant présenté des réponses insuffisantes ou une intolérance (effets secondaires) à un traitement systémique conventionnel[4] ou à une photothérapie/puvathérapie.

Ilumetri® est le troisième inhibiteur d’interleukine 23 (anti IL-23) actuellement disponible en Belgique parmi l’arsenal thérapeutique mis à disposition des patients en cas de psoriasis en plaques modéré à sévère. Il est remboursé en Belgique depuis le 1er mai 2020.

Ilumetri® (tildrakizumab) des laboratoires Almirall a d’abord été commercialisé en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Royaume Uni et en Autriche. Il est disponible chez nous depuis fin janvier 2020 et remboursé depuis le 1er mai 2020. Les laboratoires Almirall ont publié les résultats de leurs études qui donnaient un aperçu de l’efficacité d’Ilumetri® après 3 ans de traitement. Ces études montraient que les patients peuvent maintenir une amélioration clinique sur le long terme sans avoir une apparition et/ou une aggravation de nouveaux effets secondaires.  Pour le moment, deux  études dites de phase 3 sur l’efficacité d’Ilumetri®  ont déjà été publiées[5] et le suivi de ces études est toujours en cours . Cela permettra d’avoir des résultats jusqu’à 5 années de traitement, et donc avec un recul significatif .

 

Quel est le mode d’administration de l’Ilumetri®?

Parmi les avantages du tildrakizumab (Ilumetri®), il convient de préciser qu’il est administré une fois toutes les 12 semaines par injection sous-cutanée. L’intervalle entre les piqûres est dès lors assez long . De plus, le fait que l’aiguille se rétracte automatiquement dans la seringue après utilisation rend l’injection du médicament sécurisante.

Cela permettrait donc au patient qui se verrait prescrire ce traitement de pouvoir s’auto-administrer (au cas par cas bien sûr…) cette injection sous-cutanée toutes les 12 semaines. C’est pratique en cas de déplacement à l’étranger, de voyages, d’obligations professionnelles à assumer, etc. L’administration d’une seringue unique de 100mg  toutes les 12 semaines est une fameuse plus-value par rapport à 2 injections, comme c’est le cas avec d’autres anti IL-23[6] disponibles sur le marché.

Le schéma d’administration d’Ilumetri® est le suivant : une injection de 100 mg à la semaine 0, puis une autre à la semaine 4 et puis toutes les 12 semaines, c’est-à-dire que la troisième injection sous-cutanée de 100 mg aura lieu à la semaine 16.

 

Un remboursement de produit en plein confinement et crise du Covid-19 a dû susciter pas mal de questions, tant du côté des dermatologues que des patients ?

Un tel début de remboursement a, certes, pu paraître un peu étrange, voire difficile, pour certains patients atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère. Surtout vu que la majorité des consultations dermatologiques en milieu hospitalier, et même en cabinet privé, tournaient au ralenti. Cela a également pu susciter des interrogations parmi les médecins les moins habitués aux biologiques, mais surtout auprès des patients.

Les  laboratoires Almirall ont suivi et suivent les recommandations belges et internationales[7] sur l’utilisation des traitements biologiques tels qu’Ilumetri® dans le contexte du Covid-19.

Les premières observations indiquent que le fait d’initier, de démarrer un biologique, en particulier  un anti IL-23, n’exposerait pas le patient à un plus grand risque de développer une infection due au Covid-19.

Des publications scientifiques récentes[8] soutiennent bien entendu ces propos qui se veulent rassurants.

 

Quels sont les effets secondaires les plus fréquents ?

Les données scientifiques de sécurité et de tolérance recensent, parmi les effets secondaires les plus fréquents, des infections des voies respiratoires supérieures (donc sans atteintes pulmonaires).

On a également dénombré des céphalées, des nausées, des troubles digestifs, de la diarrhée, des dorsalgies[9], des douleurs à l’endroit de l’injection[10].

 

Le patient peut-il s’auto-injecter l’Ilumetri® ?

Oui. Le schéma thérapeutique est facile à suivre (4 injections/an) et l’auto-injection peut être autorisée chez les patients qui sont plus à l’aise dans la prise en charge de leur traitement sur le long cours…mais pas -bien entendu- lors de l’initiation traitement ! Il revient, en effet, au dermatologue d’analyser – au cas par cas – la capacité du patient à s’auto-injecter le médicament , le profil du patient  et d’écarter les risques de réaction allergique grave, voire de choc anaphylactique[11], etc.

Vu le confinement, vu les risques potentiels de contracter le Covid-19 ou toutes autres pathologies en consultation privée/milieu hospitalier, vu les activités professionnelles de patients concernés, d’éventuels séjours à l’étranger, etc. et au vu de l’amélioration des lésions, l’auto-injection par les patients rend le suivi du traitement plus flexible et adapté aux circonstances de vie actuelles.

Et terminons par une note positive pour le porte-monnaie : si on regarde le coût combiné (pour le patient et la collectivité) sur une année, Ilumetri® serait l’anti IL-23 le moins cher.

 


[1]L’interleukine 23 ou IL-23 : est une interleukine, c’est-à-dire une molécule servant de messager dans les communications entre les cellules du système immunitaire. Les interleukines (IL) sont un groupe de cytokines (un ensemble hétérogène de protéines ainsi nommées car les premières observations semblaient montrer qu’elles étaient exprimées par les globules blancs (leucocytes, d’où -leukin) en guise de moyen de communication (d’où inter-). Le terme a été créé en 1979, une époque où n’étaient connues que deux interleukines (IL1 et IL2).

[2] Les autres anti IL-23 disponibles en Belgique: Le guselkumab (Tremfya®) et le risankizumab (Skyrizi®).

[3] Un anticorps monoclonal : il s’agit d’un anticorps qui a été fabriqué par une seule et même cellule, clonée en plusieurs milliers de cellules identiques. À la différence des anticorps jusque-là produits qui étaient des mélanges d’anticorps proches mais différents. La spécificité des anticorps en fait leur intérêt thérapeutique. La plupart des médicaments “traditionnels” sont actifs aussi grâce à cette particularité : ils vont agir sur une cible et provoquer une réaction. Encore faut-il trouver la molécule qui va se fixer sur la cible voulue et agir dans le sens souhaité

[4]  Un traitement systémique : un traitement systémique (parfois appelé « endothérapie ») est un traitement préventif, curatif ou destructif réalisé généralement au moyen d’un produit chimique destiné à pénétrer à l’intérieur d’un organisme pour le guérir, le détruire ou le protéger contre certains de ses agresseurs.

[5]  Reich K et al. Tildrakizumab versus placebo or etanercept for chronic plaque psoriasis (reSURFACE 1 and reSURFACE 2): results from two randomised controlled, phase 3 trials. Lancet. 2017;390(10091):276-88.

Reich et al. Long-term efficacy and safety of tildrakizumab for moderate-to-severe psoriasis: pooled analyses of two randomized phase III clinical trials (reSURFACE 1 and reSURFACE 2) through 148 weeks. Br J Dermatol. 2020 Mar;182(3):605-617

[6] Uniquement Skyrizi®

[7] The International Federation of Psoriasis Associations. 2020, https://ifpa-pso.com/covid-19/frequently-asked-questions/

International Psoriasis Council. 2020, https://www.psoriasiscouncil.org/blog/Statement-on-COVID-19-and-Psoriasis.htm

International League of Dermatological Societies. 2020, https://ilds.org/covid-19/guidance-psoriasis-atopic-dermatitis/

[8] Schett, G., Sticherling, M. & Neurath, M.F. COVID-19: risk for cytokine targeting in chronic inflammatory  diseases?. Nat Rev Immunol 20271–272 (2020).

[9]  Des douleurs au dos.

[10] RCP Ilumetri®

[11] Un choc anaphylactique : il s’agit d’une réaction allergique exacerbée, entraînant dans la plupart des cas de graves conséquences et pouvant engager le pronostic vital. Des soins urgents doivent être apportés par un médecin .